Côté Alsace, le marché de Noël a rencontré son habituel succès.
Cerise de houx sur nos finances, la chorale Cécilia swing qui donnait son fabuleux concert lors du marché de Noël de Grüssenheim nous a offert la recette générée par ce spectacle, soit sept cents euros !
Un grand merci à eux, tant pour la beauté de leurs chants que pour celle de leur geste.
Côté Kaya, beaucoup d’arrivées !
Les arrivées très habituelles des colis postaux et du virement bancaire de l’argent (parrainages lait, aide aux déplacés) ne posent aucun problème. Celles plutôt dramatiques des déplacés qui fuient devant les violences commises par les terroristes sont beaucoup moins faciles à gérer. Ce ne sont en effet pas moins de 4762 personnes déplacées, dont 759 ménages et 92 pasteurs cherchant refuge à Kaya que Théo a recensés, en hébergeant quelques uns tant bien que mal. Des réfugiés qui n’ont rien emporté en abandonnant leurs biens, terre et maison pour sauver leur peau et qui ont bien sûr besoin de gîtes, de couverts, d’hygiène, de soins, de travail et d’enseignement pour garder leur dignité. Les Alsaciens dont la famille fut contrainte d’évacuer la région en 1940 connaissent ce genre de situation. A Kaya, bon nombre de déplacés étant logés dans des écoles… depuis la rentrée, ces établissements n’ont pas été ouverts à l’enseignement. Ce sont donc tous les enfants, et pas uniquement ceux de Kaya, qui auront difficilement l’occasion de montrer leur Certificat d’Etudes comme l’avait fait Barry Boukaré, un orphelin, ancien de l’Oasis des Enfants.
L’an dernier, ce ne sont pas moins de 314 enfants de 0 à 3 ans à qui Wendkouni a fourni le lait nécessaire à leur alimentation. Soit les 18 orphelins pensionnaires à la pouponnière de l’Oasis, les 131 orphelins placés en famille et suivis par l’Oasis, et 165 bambins que les mamans ne peuvent allaiter parce qu’elles n’ont pas de lait. Elles sont de plus en plus nombreuses dans cette situation. L’achat de lait est une dépense indispensable TRES onéreuse et les besoins ne cessent de croître.
Le bâtiment de la pédiatrie est terminé. Il ne lui manque plus qu’un petit coup de peinture. Les recherches et commandes de matériel pour l’équiper progressent et nous aurons très probablement de bonnes nouvelles à vous annoncer bientôt.
Voici un extrait de mail reçu de Théodore :
Bonjour chers Wendkouni,
Je vous souhaite à tous et à chacun, nos meilleurs vœux pour l’année 2020. Merci pour votre accompagnement et votre amitié.
[..] J’espère que la situation du Burkina ne nous empêchera de se revoir. Soyez tous bénis de Dieu.
Recevez tous nos voeux sincères pour une année riche en partage et sérénité !
NB : les photos sélectionnées par Rachel « ne veulent pas » se positionner là où on voudrait dans l’article… (un geek pour nous aider ?) elles représentent l’aire de jeux installée à l’Oasis, le bâtiment de la pédiatrie quasiment terminé, les colis individuels qui arrivent bien et sur une page de la revue de l’AMI (Action Missionnaire Internationale) une photo de déplacés à Kaya.
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Pour ceux qui voudraient aborder la situation politique du pays, voici l’édito de Pascal Coquis dans les DNA de ce 14 janvier :
« Irrémédiablement, la France s’enlise au Sahel, dans cette région vaste comme l’Europe où 4 500 hommes ne suffiront jamais à contenir l’hydre djihadiste. Le constat est sans appel : depuis janvier 2013, non seulement le péril n’a pas été contenu, mais il n’a fait que s’étendre.
Après avoir longtemps fait l’autruche, l’exécutif français reconnaît enfin que cette guerre que l’on ne pouvait gagner est en train d’être perdue. Et que le rapport de force s’est inversé au profit des islamistes.
Le volet militaire de l’opération n’est pas en cause, sans Barkhane, la sous-région serait devenue un nouvel Afghanistan. Mais il est urgent de le repenser et de l’adapter à une menace protéiforme, en perpétuelle recomposition. Aujourd’hui, c’est le volet politique qui pêche.
Le maintien d’une force armée au Sahel sur ce fameux « temps long » devait se doubler d’un changement de mode de gouvernance des pays concernés, au Mali notamment. Asseoir l’autorité de l’État, reconquérir les territoires du Nord depuis longtemps oubliés, endiguer la corruption et le clanisme étaient les conditions nécessaires au succès de l’opération. Ça n’a jamais été le cas. Au contraire, l’État malien n’a fait que s’affaiblir et la situation n’est guère plus brillante au Burkina Faso et même au Tchad.
Paris ne peut plus continuer à supporter quasiment seul le poids et la responsabilité de cette opération vitale pour l’équilibre de l’Afrique de l’Ouest tout entière. Il lui faut, au moins matériellement, une aide accrue des pays européens, mais aussi africains qui le peuvent. Il faut surtout l’assurance que les États sahéliens deviennent enfin de véritables partenaires, sur lesquels compter. Ce n’est que lorsque les troupes françaises interviendront en appui des forces armées nationales, et pas l’inverse, qu’un désengagement pourra être entrevu. Pour l’instant, on en est très loin. »
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